Le tome cinq de la série de bande dessinée « L’arabe du futur » de Riad Sattouf, est sorti cette fin d’année 2020. Le Pap’ vous donne son avis. 

Bande dessinée autobiographique en 5 tomes, l’Arabe du futur raconte la jeunesse de son créateur Riad, né d’une mère française et d’un père syrien. Entre la Libye, sous le régime de Kadhafi, puis dans la Syrie d’Hafez-al-Assad dans le village natal de son père, Ter Maaleh, et enfin en France, en Bretagne, Riad Sattouf évolue dans un milieu pour le moins très traditionnel, étourdi par les propos conservateurs de son père, mais également de sa famille maternelle. 

A sa sortie en 2014, la BD connaît un large succès, notamment auprès de la diaspora syrienne, et remporte divers prix, comme le prestigieux Fauve d’or d’Angoulême. 

A travers un graphisme simple, Riad Sattouf nous plonge dans ses souvenirs, les odeurs, les couleurs de son enfance. La plupart d’entre eux sont en lien avec son père, qui incarne presque le rôle d’antagoniste, toujours à la recherche constante de la réussite et de la fortune. Il élève son fils dans le culte des grands dictateurs du monde oriental, ce qui tranche brutalement avec l’image de Riad enfant, un petit blondinet, la bouche en forme de cœur, qui a du mal à s’habituer à l’environnement dans lequel il a atterri : les mœurs conservatrices et religieuses de la famille de son père, les traditions parfois brutales de la vie rurale syrienne, la difficulté de son intégration avec les autres enfants, notamment due à la blondeur de ses cheveux (qui est un véritable outil scénaristique). 

Le travail graphique de l’auteur est également très intéressant : un style simple et épuré, qui épouse la vision tendre et enfantine du héros. A côté de cela, un jeu des couleurs est mis en place, en fonction des pays visités : le jaune pour la Libye, le rose pour la Syrie et le bleu pour la France. Ces différentes couleurs, en plus de traduire une différence des lieux géographiques et des périodes de la vie de la famille, met en valeur les contrastes culturels entre les nations, notamment entre le moyen Orient et la France : contraste entre les écoles, les grandes surfaces, l’accès à la nourriture, la différence des mœurs… et donc les différents clivages qu’a vécu le héros, un jeune enfant, puis un adolescent, au cours de sa jeunesse.  Les scènes issues de son imagination ou celles d’une très grande violence, sont en rouge et  noir. Ce récit est effectivement marqué par une grande brutalité, celle physique, par les hommes de sa famille, ses cousins, et de ses enseignants, mais également celle souvent psychologique exercée par son père, obsédé par l’idée de faire de son fils un homme arabe viril et moderne : l’Arabe du futur. 

L’arabe du futur 5 est disponible au CDI – crédits photo : Mme Durand – CDI Lycée pape Clément.

L.K.