L’affiche du film. Crédits photo : CDI Lycée Pape Clément pour le Pap’

Entre surprise et émotion, découverte de ce coup d’État qui a bouleversé l’histoire du Chili avec le film  » Santiago, Italia « .

Dans le cadre de la 22ème édition du Mois du film documentaire, quelques classes de Terminale ont pu assister à la diffusion du film « Santiago, Italia » à la salle du Galet ce 18 novembre. A travers des témoignages poignants, nous avons pu en apprendre davantage sur cet événement de l’histoire chilienne, peu connu des lycéens.

Sorti en 2018, « Santiago, Italia » a été réalisé par Nanni Moretti, réalisateur, scénariste et acteur italien. Dans ce documentaire, il nous raconte comment le Chili, pays le plus démocratique d’Amérique du  Sud, a pu, en quelques jours, devenir en dictature. 

Retour en 1973 : Salvador Allende est au pouvoir depuis 3 ans déjà. Président socialiste, il a pour but de réformer le pays : l’économie, l’éducation, la santé, la vie sociale des travailleurs… Le Chili est pauvre et la politique d’Allende redonne de l’espoir au peuple. 

Mais si la jeunesse vit les années 

Le Chili d’Allende est vu comme un temps de bonheur et d’allégresse, mais certains persistent à croire que sa politique tend vers le communisme. Et dans le même temps, l’extrême droite monte en flèche. 

Le 11 septembre 1973, les Chiliens voient le monde s’arrêter de tourner. Un coup d’Etat, organisé par les forces militaires chiliennes, renverse le régime de Salvador Allende. Dans la matinée, à Santiago, capitale du Chili, le palais de La Moneda est assiégé et bombardé. Avant de mourir, Allende prononce ces derniers mots, qui marquent les esprits des Chiliens à tout jamais : « Vive le Chili, vive le peuple, vive les travailleurs ! Ce sont mes dernières paroles, et j’ai la certitude que le sacrifice ne sera pas vain ». Quelques heures plus tard, le chef de l’armée Augusto Pinochet installe sa dictature, dans un climat de peur et de cruauté. 

« Santiago, Italia » relate donc ces évènements et évoque le rôle de l’ambassade d’Italie dans cette révolution chilienne, qui a permis à des centaines de réfugiés de se protéger du régime autoritaire de Pinochet et de s’enfuir du Chili.

Focus sur le film : 

Tourné sous forme de documentaire, « Santiago, Italia » mêle un ensemble d’images d’archives et d’émouvants témoignages.

On découvre tout au long du film la violence et l’oppression subies par la population chilienne et surtout par ceux qui soutenaient le régime de Salvador Allende. Nombres des acteurs de l’époque apparaissent et nous racontent leur histoire.

Une femme retrace sa capture, son incarcération mais surtout les épisodes de torture qu’elle a endurés en tant que résistante au régime. Elle se souvient des coups, des brûlures, des cris et de la douleur. Elle qui n’a jamais dénoncé ses complices, se remémore le paradoxe de la situation lorsque sa geôlière, enceinte, lui demande de lui apprendre à tricoter pour confectionner un pull à son nourrisson.

Une autre avoue qu’elle n’en veut pas à ceux qui l’ont dénoncée. Selon elle, la peur était trop grande et la dictature trop effrayante pour faire face aux oppresseurs.

On assiste également à l’interview d’un ex-militaire emprisonné, attendant son procès en appel. Celui-ci clame son innocence de tous les crimes dont on l’accuse. Il explique qu’il n’a fait qu’exécuter les ordres en tant que membre de l’armée; il ajoute qu’il n’a d’ailleurs jamais assisté aux  exécutions ou actes de torture relatés par certaines victimes, lorsque le journaliste le questionne sur les faits. En fin du dialogue, le prisonnier explique qu’il pensait que ce serait une interview impartiale. La personne en face de lui, Nanni Moretti, clame sa partialité dans cette histoire.

Rencontre avec deux exilés chiliens pessacais : Après la projection du film, nous avons eu la chance d’écouter les témoignages de deux exilés du Chili : Enzo Villanueva et Emilia Dubesset.

Alors que l’homme, torturé et séquestré pendant 2 ans après le coup d’Etat, se remémore sa traversée de l’Atlantique vers son pays de refuge, la France, Emilia partage avec nous l’histoire d’une de ses amies, torturée et exécutée puis balancée par-dessus les murs de l’ambassade italienne à Santiago par les militaires. Ce fut un moment très émouvant. Emilia tenait à rendre hommage à son amie et à ce que sa mémoire soit honorée.

Les lycéens ont ainsi pu découvrir les histoires personnelles des réfugiés chiliens. Plongés véritablement dans l’enfer de l’époque, nous avons été très émus par les expériences de chacune des personnes présentes dans le film.

Vous DEVEZ voir ce film pour au moins 3 raisons:

  • En apprendre plus sur cet événement historique qui, n’étant pas dans nos livres d’histoire, nous est inconnu. Ce film nous donne le recul nécessaire pour comprendre quelles ont été les conséquences de ce coup d’Etat et nous permet d’enrichir notre culture générale. Par ailleurs, connaître l’histoire de ce coup d’Etat nous donne la possibilité de comprendre l’actualité et les enjeux des élections présidentielles qui ont lieu au Chili en ce moment.
  • Découvrir également l’aspect humain qui persiste dans la terreur et la cruauté d’une dictature. Le film nous plonge dans un flot de témoignages qui nous offrent différents points de vue vis-à-vis de ce régime autoritaire.
  • Améliorer votre niveau d’espagnol et/ou d’italien. Il est toujours préférable de regarder un film dans sa version originale, d’autant plus qu’entendre la voix des personnes interrogées nous rend plus susceptible d’être ému.

L.H. et I.A.

Les deux témoins avec M. Barral, au Galet lors de la projection. Crédits photos : I.A.