Lieu inconnu, 5 juin 1942
Dans la salle, tous les scientifiques étaient occupés. Alors que certains transportaient des appareils à l’apparence complexe dans le cuirassé allemand Tirpitz, d’autres tentaient de Lui envoyer des communications et des explications. Enfin, d’autres cherchaient simplement à éclaircir la situation. Friedrich, lui, n’avait emporté qu’un petit appareil sur lequel se trouvait l’ensemble de ses recherches sur le projet T. Sur tous les scénarios et les personnes possibles, il n’aurait jamais imaginé que le projet sur lequel il avait passé la majeure partie de sa vie, se manifesterait de cette façon. Selon ses expériences, il avait d’énormes chances de se produire face à une défaite imminente, dans des appareils confinés. Malgré tout, ce constat s’appliquait surtout de manière théorique sur les pilotes d’avion,tant leur espace était réduit. Enfin, Friedrich était frustré par la dernière partie de l’inconnue : qui ? Lequel des cinq avait déclenché le projet. Il était fort probable qu’il s’agissait d’un des deux allemands, Feinwasser ou Lutsi. Néanmoins, les deux japonais, ou encore pire, l’italien, pouvaient, en théorie, l’avoir également activé. Si l’un de ces deux cas se réalisait, les puissances japonaise et italienne possèderaient une puissante monnaie d’échange dans le partage du monde entre les forces de l’Axe. Si le projet s’était éveillé dans un appareil individuel, il aurait été plus facile de savoir qui le possédait et de prendre les mesures adéquates. Ici, ils nageaient tous dans le doute et l’incertitude.
Lorsque tous les appareils et les scientifiques furent à bord, le Tirpitz quitta enfin la base cachée et se dirigea vers le lieu où l’énergie nucléaire était concentrée. Il lui fallut deux heures en vitesse de pointe. Deux heures pendant lesquelles Friedrich ne cessa de penser et d’analyser. Il en vint à deux conclusions. La première était qu’il faudrait d’abord s’assurer de la sécurité du réceptacle, peu importe son identité. La seconde était que son plan initial n’avait pas été tant bouleversé. La deuxième partie du projet était toujours dissimulée dans la base et, si il s’agissait d’un japonais ou d’un italien, les allemands n’auraient qu’à le capturer pour obtenir ce qu’ils veulent, et ce, au dépit de l’avis des chefs des puissances. Dans quelques minutes, il aurait ses réponses. Il saurait si son projet avait finalement vu le jour. Néanmoins, alors qu’il allait se diriger vers le poste de commandes pour diriger les opérations, une alarme retentit. Un appareil étiat en train de se poser sur le Tirpitz. Voyant son immatriculation, Friedrich fut rassuré. Il s’agissait du Nachthimmel, Son vaisseau personnel. Il stoppa d’une main les opérations et attendit. Il ne lui fallut pas longtemps. A peine deux minutes plus tard, Il entrait, son regard n’exprimant que de la malveillance et du mépris. Malgré tout, chacun se mit au garde à vous et lança :
-Gott mit uns ! Gott mit uns ! Der Sieg ist bei uns !!!
Cette devise retentit pendant quelques instants dans le pont de commandement puis chacun reprit ses occupations habituelles. Malheureusement, pas assez vite pour entendre le sous-chef des opérations secrètes en charge du projet Lui dire :
„-Vous êtes fou ! Venir ici avec le Nachthimmel relève de l’inconscience. Si nos ennemis en ont vent, ils vont accentuer les recherches sur nos travaux et vont finir par découvrir le projet. Frustré depuis plusieurs heures que sa théorie sur le projet T ne se soit pas réalisée, il cherchait à déverser sa haine sur une personne. Il n’avait, malheureusement, pas choisi la bonne. Il le regarda d’un air nonchalant, ses yeux prirent une teinte rouge pendant un instant et le sous-chef s’écroula. Personne ne se précipita pour analyser son état. Il avait vu Ses yeux, les yeux de Dieu, et était mort sur le coup. Sans perdre son sang-froid, Friedrich lança à l’un des ses officiers les plus performants :
-Hohenmann, désormais vous le remplacerez en tant que sous-chef des opérations.
L’officier en question se leva aussitôt et répondit :
-Oui, mon commandant !
Le calme reprit et Friedrich s’éclipsa avec Lui en direction de sa cabine, une salle insonorisée et sans caméras. Leur conversation resterait secrète. Toujours aussi direct, Il ne posa qu’une série de questions rapides et précises :
-Comment cela s’est-il produit ?
-Nous ne l’avons pas encore découvert. Nos chercheurs sont en train d’y travailler.
-Qui ?
-L’un des cinq membres du Teilen
-La base ?
-Toujours sécurisée
-L’autre ?
-En bonne voie
-Bien…“
La conversation s’arrêta là. Il annonça :
-Je me rends à la base. Je vous y attendrai lorsque vous aurez récupéré le réceptacle.
– C’est noté.
Alors qu’il s’apprêtait à quitter la pièce, Il posa une dernière question :
-Au fait, comment le Teilen s’est il retrouvé au milieu des combats ? Il n’avait aucune arme pour attaquer ou défendre.
Cette remarque était juste. Le Teilen ne possédait rien. Le pseudo-armement nucléaire n’était qu’une ruse visant à instaurer la peur chez l’ennemi mais aussi à dissimuler le projet T lorsque celui-ci apparaîtrait. Plusieurs équipes d’élite possédant cet armement étaient simplement disposées pour observer quand le projet T se manifesterait. Rien de plus. Chaque équipe était composée des membres les plus probables quant à la création du réceptacle. Mais, un détail n’allait pas. Le Teilen possédait cinq des meilleurs soldats, toutes armées confondues. Pourquoi ont-ils désobéis ? Pourquoi sont-ils allés au front ? Friedrich espérait trouver la réponse en trouvant le réceptacle. Il s’aperçut alors qu’il était parti. Se reconcentrant, Friedrich se dirigea vers le pont de commandement.
Après quelques minutes, ils arrivèrent au point d’impact. Le réceptacle n’y avait pas été de main morte. Pour activer le projet, il avait créé une zone d’un diamètre d’environ 50km totalement radioactive. Friedrich ne s’en étonna même pas. Il savait que la première utilisation du projet coûtait toujours énormément d’énergie. S’ il ne se trompe pas, les prochaines fois ne seront pas aussi dangereuses. A en croire les débris, le Teilen avait été touché par un missile adverse et n’avait pas été détruit par le réceptacle. Il n’y avait qu’une seule explication : le réceptacle avait concentré tellement d’énergie électromagnétique qu’il était apparu sur les radars adverses. Les Alliés croyant à un sous-marin classique ont tiré sans comprendre qu’ils condamnaient toute la flotte. Alors qu’il réfléchissait à tout cela, l’un des officiers l’interrompit :
-Commandant, les appareils sont prêts pour extraire le paradoxe.
-Parfait, préparez-vous, répondit Friedrich.
S’ il ne se trompait pas dans ses calculs, dans quelques instants, il possèderait l’arme la plus puissante de ce monde…
A suivre…
G.P.
(Source de l’image : wikipedia commons, domaine public)