Le décès du pape François marque un tournant historique pour l’Église catholique. Premier souverain pontife d’Amérique latine, Jorge Mario Bergoglio, élu en 2013, s’est éteint lundi 21 avril à l’âge de 88 ans. Son pontificat, riche en réformes et en gestes symboliques, laisse une empreinte profonde dans l’histoire religieuse contemporaine. Que se passe-t-il désormais pour le Vatican ? Qui pourrait lui succéder ? Explorons les étapes clés de cette transition papale et les figures pressenties pour diriger l’Église dans les années à venir.
« Sede Vacante » : Un Siège Apostolique Temporairement Vacant
À la suite du décès du pape, le Saint-Siège entre dans une phase de transition appelée Sede Vacante – expression latine signifiant « siège vacant ». Durant cette période, aucun pape n’est en fonction, et les responsabilités pontificales sont limitées à l’administration courante.
C’est le cardinal camérier, actuellement Kevin Joseph Farrell, qui assure la gestion du Vatican. Il supervise les affaires urgentes, sans toutefois avoir le pouvoir de modifier les orientations doctrinales ou d’initier de grandes réformes. L’ensemble des activités est strictement encadré jusqu’à l’élection d’un nouveau successeur de Pierre.
Le Conclave : Mécanisme Sacré de l’Élection Papale
Le choix du nouveau pape repose entre les mains du Collège des cardinaux électeurs – soit les cardinaux de moins de 80 ans. Ces derniers se réunissent à huis clos au sein de la Chapelle Sixtine, dans ce qu’on appelle le Conclave.
Les votes sont organisés plusieurs fois par jour, jusqu’à ce qu’un candidat obtienne la majorité des deux tiers. Lorsqu’un vote reste sans issue, une fumée noire s’échappe des cheminées du Vatican. En revanche, une fumée blanche annonce l’élection d’un nouveau pape, signe de la conclusion du scrutin. Selon des sources vaticanes, le prochain conclave débutera le 7 mai. À titre d’exemple, les deux derniers conclaves avaient duré à peine deux jours.
Choisir un Nouveau Cap pour l’Église Catholique
La désignation du nouveau chef de l’Église ne se limite pas à une simple formalité religieuse ; elle influence la direction spirituelle, éthique et sociale du catholicisme mondial. Le futur pape devra choisir entre continuer l’ouverture engagée sous François ou adopter une posture plus conservatrice.
Parmi les papabili (candidats potentiels), plusieurs cardinaux se distinguent par leurs visions contrastées :
Cardinal Matteo Zuppi (Italie) : La Voie de la Continuité
Archevêque de Bologne, Matteo Zuppi est considéré comme un proche du pape François. Engagé pour la paix, le dialogue interreligieux et les droits des migrants, il incarne une Église ouverte, humaniste et sensible aux défis sociaux contemporains.
Cardinal Péter Erdő (Hongrie) : Le Défenseur de l’Orthodoxie Catholique
Plus conservateur, le cardinal hongrois Péter Erdő milite pour une fidélité stricte à la doctrine traditionnelle. Son élection pourrait marquer un retour aux fondamentaux de la morale catholique, notamment en matière de famille, de bioéthique et de liturgie.
Cardinal Jean-Marc Aveline (France) : Une Église Engagée et Inclusive
Archevêque de Marseille, Jean-Marc Aveline se distingue par son engagement envers les migrants et le dialogue interreligieux, en particulier avec le monde musulman. Une figure moderne et sociale, en phase avec les réalités multiculturelles de l’Église en Europe.
Cardinal Luis Antonio Tagle (Philippines) : Une Église Jeune et Humble
Originaire d’Asie, le cardinal Tagle est perçu comme le successeur spirituel du pape François. Il défend une Église modeste, proche des pauvres, attentive aux défis du continent asiatique – une région en forte croissance catholique.
Cardinal Fridolin Ambongo Besungu (RDC) : Voix de l’Afrique et de la Justice
Originaire de la République démocratique du Congo, ce cardinal est une figure centrale de l’Église africaine. Il milite pour la justice sociale, la défense des droits humains et la protection de l’environnement. Son élection représenterait une reconnaissance des enjeux du Sud global dans le destin de l’Église.
Entre Tradition et Réforme : Quelle Orientation pour l’Église catholique de Demain ?
L’élection du prochain souverain pontife symboliserait le cap que souhaitent donner les cardinaux à l’institution catholique. Deux courants s’affrontent :
La modernisation : Poursuivre les réformes de François, ouvrir l’Église à une diversité de cultures et de réalités sociales, défendre l’écologie intégrale, les droits humains et la lutte contre les inégalités.
La tradition : Réaffirmer la doctrine immuable, renforcer l’identité catholique face aux évolutions sociétales jugées menaçantes, revenir à une liturgie plus stricte.
Cette décision influencera profondément les prochaines décennies, tant sur le plan religieux que géopolitique. Le successeur de François devra faire face à des défis majeurs : crise des vocations, abus sexuels dans l’Église, changement climatique, tensions religieuses, et fracture Nord-Sud.
Un Moment Historique pour le Catholicisme Mondial
Le décès du pape François marque la fin d’un chapitre singulier de l’histoire de l’Église catholique. Son héritage progressiste laisse une empreinte durable, mais c’est désormais à son successeur de tracer la route.
Qu’il s’agisse de Zuppi, Erdő, Aveline, Tagle ou Ambongo, chacun porte une vision du monde et de la foi. Le choix des cardinaux, lors du conclave de mai, dévoilera l’âme profonde de l’Église : fidèle à ses racines ou résolument tournée vers l’avenir.
Y.R.
Sources :
Vatican News https://www.vaticannews.va/fr.html
Le monde https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2025/04/21/le-pape-francois-est-mort_6598504_3382.html
France info https://www.francetvinfo.fr/monde/vatican/pape-francois/