Madame Amghar, dans son bureau. Crédits Photo : T.Q. avec J.G.
Suite au départ à la retraite de Monsieur Martinez, Madame Amghar a pris la direction de l’établissement fin août 2021. L’occasion pour le Pap’ de rencontrer la première proviseure du Lycée Pape Clément. Portrait et interview.
Quel a été votre parcours?
J’ai eu un parcours assez classique, j’étais en filière littéraire au lycée, en lettres classiques avec latin et grec. J’ai fait mes études à Toulouse, où j’ai continué en prépa, et après, à l’université j’ai obtenu une équivalence en histoire. Après, j’ai passé le concours pour être enseignante, que j’ai eu, et j’ai commencé à travailler en Picardie, très loin du sud. Enfin, j’ai travaillé en région parisienne comme enseignante d’histoire et j’ai repris des études pour passer l’agrégation.
J’ai enseigné au lycée, principalement au lycée général et technologique, mais également en BTS et j’assurais des vacations à l’université pour des étudiants de L1 ou L2 en histoire. Mais j’ai eu aussi envie de passer à autre chose. Puis, en menant des projets dans mon établissement, j’ai voulu élargir un peu les choses, donc j’hésitais entre être inspecteur de l’Éducation nationale et personnel de direction.Finalement j’ai eu le concours et j’ai été proviseure adjointe dans plusieurs établissements.
Qu’est ce qu’est le métier d’enseignant ?
Le métier d’enseignant est riche, parce que chaque élève est différent et en même temps, il faut mener un groupe. Il faut que la classe devienne une équipe, car les élèves réussissent aussi parce qu’ils sont portés par leur classe.
J’ai très peu enseigné en collège, c’est quand je débutais. Mais c’était drôle de voir de voir des sixièmes tomber à moitié de leur chaise tellement ils voulaient répondre aux questions [rire]. Cependant, c’est aussi parfois la détresse, quand elle est visible, et si elle vous prend de court, elle vous émeut parce que c’est ça aussi.
Il y a des choses qui, forcément, se passent dans cette relation-là, tout simplement. Ce n’est pas simplement une question de tuyaux, de connaissances. On est dans une relation de bienveillance.
L’enseignement, c’est une utopie. C’est l’idée qu’on arrive à forger et à passionner ses élèves pour ce qu’on raconte, pour ce qu’on dit, pour ce qu’on apprend, etc. Sinon, je vois mal comment l’humanité peut se construire face à des enjeux qui nous attendent pendant ce 21ᵉ siècle.
Qu’est- ce qui vous a fait revenir dans le Sud et pourquoi dans notre lycée ?
Je voulais rentrer dans le sud, entre Montpellier et Bayonne près de ma famille, j’ai demandé les trois académies du Sud et j’ai eu Bordeaux. Et j’étais très contente en arrivant au lycée, je ne connaissais pas du tout, j’ai aussi rencontré Monsieur Martinez et Madame Castillo. Nous avons échangé en juillet et puis aussi fin août.
Ça m’a confirmé dans le fait que je me sentirai bien ici, il y avait beaucoup de choses à mener. Bien sûr, le plaisir, c’est toujours de rencontrer des équipes parce que sans elles, le lycée ne serait rient. Et le plaisir aussi de retrouver des classes de BTS puisque dans mon lycée précédent, il n’y avait pas d’enseignement supérieur.
Et puis le fait aussi de se dire que voilà, il s’agit d’un nouveau public, mais de public adolescent, qu’on a toujours besoin d’accompagner jusqu’à la sortie du lycée.
Quel est le rôle de la proviseure, pour vous?
Mon rôle est d’une part de faciliter le travail des enseignants, car je considère que celui qui connaît le mieux ses élèves, c’est l’enseignant. Je ne considère pas ça comme un travail administratif. Néanmoins, l’objectif est toujours celui d’aboutir à former des jeunes de la meilleure manière possible et dans les meilleures conditions possibles.
Tous les métiers de l’éducation sont des métiers de relations et c’est ça qui est intéressant. C’est quand on est là, on élabore, on travaille avec de l’humain et donc forcément, tout n’est pas un long fleuve tranquille et tout n’est pas linéaire. Ce qui marque une journée de proviseure, c’est l’incertitude permanente. C’est effectivement aussi de lever parfois des incertitudes, mais aussi de faciliter vraiment le travail de chacun. Car pour qu’un collectif humain fonctionne, il ne suffit pas qu’il y ait des bureaux, des tables et des chaises pliantes.
Y compris les agents, qui sont les premiers à entrer dans un lycée à 6 heures du matin et ils sont nécessaires pour tout nettoyer et on leur doit la préparation de la rentrée et de la prérentrée. Peu importe la place qu’on occupe dans le lycée, tout le monde à son niveau participe au bon fonctionnement de l’établissement.
J’aimerai aussi revenir sur un évènement qui m’a particulièrement marqué : le retour en présentiel après le premier confinement en mai 2020. En tant que proviseure, c’était un moment magique de revoir les élèves dans l’établissement, les agents, les CPE… Le lycée reprenait vie.
Petit moment de culture :
un livre à conseiller ?
J’adore lire, je lis beaucoup, pas autant que j’aimerais. Mais j’adore Stendhal, plongez-vous dans La Chartreuse de Parme, par exemple. Pourquoi Stendhal ? Parce qu’il rêve toujours d’aventure, et qu’il a passé son temps à se plaindre de sa vie de fonctionnaire et en même temps, il fait œuvre de romanesque et que, justement, dans La Chartreuse de Parme, tous les éléments de l’aventure sont là avec une très belle écriture aussi. Et je dirais la même chose de Balzac.
et un film ?
Pour une œuvre cinématographique, j’ai adoré Millénium.
Ensuite, il y a aussi des classiques comme Godard, Apichatpong. Mais j’apprécie aussi bien le cinéma américain, peut-être pas trop les blockbusters. Mais je suis très cinéphile, et j’étais ravie d’arriver dans la ville du festival international du film historique.
Précédemment vous avez parlé de grands enjeux, est ce que pour leur faire face, vous avez un message à faire passer à tous les jeunes?
D’avoir du courage, de croire en vous, et d’être solidaire parce que je crois que la coopération, les valeurs collectives en tous les cas, sont fondamentales. Je pense qu’en ces temps d’individualisme, bien sûr qu’on a besoin d’exister et on voit bien que l’individualisme prend une part importante. Mais je crois que, l’avenir vous appartient. Je crois qu’il faut en être convaincu et il faut être optimiste. Parce que demain, c’est vous qui serez là et qu’il y a des défis, mais c’est ça aussi qui pimente l’existence.