Depuis l’attentat à l’encontre de Dominique BERNARD à Arras d’octobre 2023, les mesures de sécurité du lycée ont fortement évolué, augmentant les contraintes. Sont-elles vraiment garantes de notre sécurité ?

Tout d’abord, c’est quoi le plan Vigipirate ?

Le plan Vigipirate est un des outils du dispositif français de lutte contre le terrorisme. C’est une mesure permanente qui s’applique à tous les grands domaines d’activité de la société (les transports, la santé, l’alimentation, les réseaux d’énergie, la sécurité des systèmes d’information, l’éducation…). Il y a trois niveaux d’alerte : « Vigilance », « Sécurité renforcée – Risque attentat » et « Urgence attentat ». 

A quel niveau sommes-nous actuellement ? 

Ce plan a été renforcé au niveau « Urgence attentat » par le Premier ministre Gabriel Attal suite à l’attentat de Moscou et aux menaces pesant sur la France depuis le 20 septembre 2019. Par exemple, les lieux de culte bénéficient maintenant d’une surveillance renforcée.

 Mais ce sont les mesures prises dans les lycées de France, qui nous intéressent : le renforcement des contrôles d’accès des personnes dans les bâtiments publics et un contrôle visuel des sacs effectué à l’entrée de certains établissements scolaires. 

Cependant, nous pouvons nous demander si ces dispositifs répondent à nos besoins en respectant nos droits et libertés de lycéen. Pour cela, nous avons interrogé différents acteurs de notre lycée. 

Une surveillante a été interrogée et confirme le fait que ce dispositif est nécessaire pour le contrôle et la sécurité de tous.

Ce contrôle ne pourrait-il pas être plus efficace encore ? 

Un professeur interrogé reconnaît finalement que ce dispositif n’est pas une chose simple à organiser ; “c’est un équilibre compliqué à mettre en œuvre puisque notre lycée, étant public, est par définition ouvert à tous”. Il nous admet également qu’une part de vigilance reste toujours dans leur esprit, ce qui n’est pas forcément toujours le cas pour les élèves. 

Que pensent donc les élèves ? 

Pour ceux-ci, “montrer sa carte est peu utile”. Ils citent notamment les réunions parents-professeurs,  où le lycée accueille des centaines de parents “complètement inconnus qui eux, ne sont pas identifiés à l’entrée”.

De plus, le système de carte, instauré depuis cette année scolaire, est “défaillant”. À notre connaissance, des élèves seraient déjà rentrés à plusieurs reprises au sein de l’établissement sans carte ou simplement en montrant leur carte vitale. Cela nous prouve déjà que ce système de cartes censé remplacer les carnets de liaison ne semble pas assurer notre sécurité. D’autres élèves affirment avoir perdu leur carte plusieurs fois, ce qui ne s’était pas forcément produit avec leur carnet de liaison. Effectivement, le carnet se perd moins facilement que la carte, souvent rangée dans nos portefeuilles ou nos portes-cartes que l’on sort de manière régulière dans la vie quotidienne. Les carnets étaient surtout oubliés, mais ce phénomène se reproduit actuellement avec la carte. Ainsi, bien qu’elles soient techniquement plus pratiques, elles ne donnent pas l’impression de limiter les problèmes déjà présents par le passé. 

Plusieurs élèves évoquent la même hypothèse : “Si une personne malveillante voulait nous faire du mal ou s’en prendre à nos vies, elle le fera de toutes les manières possibles sans même avoir besoin de montrer sa carte à l’abord du lycée”. Ceux-ci sont d’ailleurs peu surveillés ; “s’introduire dans l’établissement en escaladant les portails par exemple peut s’avérer facile”.                          

Qui plus est, les récréations qui se font maintenant à l’extérieur de l’enceinte du lycée pour certains élèves (on parle ici du lieu à côté de la route derrière le portail qui représente le seul lieu où les fumeurs peuvent fumer) ne sont pas non plus sécurisées. Il est très facile de s’en prendre aux élèves, qui restent alors très vulnérables. Certains ont en effet dit : “on est tous groupés devant le lycée, on est des cibles parfaites pour ce genre d’attaques”.

Le garage à scooters / motos n’est désormais plus utilisé. Cependant, l’arrêt de son utilisation est “ridicule” pour les anciens habitués, puisque non seulement il les empêche de sécuriser leur véhicule, mais en plus, de cela, ça les contraint à stationner à l’extérieur où leur véhicule est beaucoup moins protégé en cas d’intempéries. 

Il existerait donc des “gouffres” dans les dispositifs présents où, malgré les règles mises en place, “notre sécurité semble compromise”.

De plus, l’entrée et la sortie des élèves se font souvent par un portail ridiculement petit par rapport à la foule souhaitant entrer et sortir provoquant des “embouteillages”. D’après des élèves interrogés : “ça facilite les retards aux cours, surtout à 9h”. Cela souligne également la vulnérabilité des élèves face au risque d’une attaque terroriste et le fait que beaucoup d’élèves trouvent ce dispositif “aberrant”  alors même qu’il vise notre sécurité. Il serait alors “peu efficace”, étant donné que : “une foule peut facilement être prise pour cible lors d’une attaque.”

Les élèves semblent peu favorables à ce dispositif car selon eux, “il est, certes, important, mais il faudrait l’améliorer pour qu’il puisse réellement assurer notre sécurité” sachant qu’il est considéré comme “contraignant” pour beaucoup d’élèves ainsi que certains professeurs qui ont conscience d’être “avantagés” en ce qui concerne l’entrée et la sortie du lycée.

M.M. et M.G.