1- La Dissolution

Ce dossier composé de trois articles détaillera les événements politiques survenus en France depuis juin dernier pour vous permettre de mieux comprendre la situation politique actuelle. Cette première partie traitera de la dissolution de l’Assemblée Nationale survenue en juin et des élections législatives qui ont suivi.

“J’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote, je dissous donc, ce soir, l’Assemblée Nationale”. Tels sont les mots du Président de la République Emmanuel Macron au soir du 9 juin 2024, jour des élections européennes en France. Lors de ces élections, le parti d’extrême droite de Marine Le Pen et Jordan Bardella, le Rassemblement National (RN) arrive en tête avec 31% des voix, une victoire historique pour le parti. L’Assemblée Nationale alors élue en 2022 ne rend plus compte du rapport de force entre les groupes politiques et c’est officiellement pour cela que M. Macron a décidé de la dissoudre. 

  Cette annonce crée un raz de marée dans la sphère politique française. Les partis ont moins d’un mois, jusqu’au 30 juin, date du premier tour, pour faire leur campagne.

A gauche, on comprend que le score très peu satisfaisant aux élections européennes de chaque parti ne sera pas suffisant pour espérer avoir du poids à l’Assemblée , alors les différents partis du centre gauche à la gauche radicale, c’est à dire le Parti Socialiste (PS), Europe Ecologie les Verts (EELV), le Parti Communiste Français (PCF) et La France Insoumise (LFI) s’allient autour d’un programme de rupture proposant des mesures chocs comme l’abrogation de la réforme des retraite, l’augmentation du smic, ou une nouvelle organisation des impôts reposant plus sur les plus riches. Ils fondent ainsi le Nouveau Front Populaire (NFP) en référence au Front Populaire qui retarda, avant la seconde guerre mondiale, l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir en France. 

Au centre, le groupe présidentiel, composé du parti Renaissance et le Mouvement Démocrate (Modem) formant l’alliance Ensemble !, choisit de se concentrer sur le danger que représentent selon eux les extrêmes, il faut comprendre le RN et LFI, pour faire sa campagne, tout en essayant de discréditer les partis de gauche faisant alliance avec LFI. Ils promettent aussi quelques mesures sociales.

A l’extrême droite, le RN profite de la dynamique offerte par la victoire lors des élections européennes pour mener la campagne. En plus, une partie du parti de droite Les Républicains (LR) mené par le président du parti Eric Ciotti décide de faire scission pour s’allier avec le RN.

Avant de continuer, voici rapidement comment fonctionnent les élections législatives en France. Le territoire national est divisé en 577 circonscriptions de population à peu près similaires. Chaque circonscription a un siège à l’Assemblée et est chargée d’élire un député pour y siéger. L’élection se déroule en deux tours. Lors du premier, peut être élu directement un candidat remportant 50% des voix représentant au minimum 25% des inscrits de la circonscription. Sinon tous les candidats ayant obtenu les voix d’au moins 12,5% des inscrits accèdent au second tour. On peut donc avoir des second tours à 3 ou 4 candidats dans certaines circonscriptions. S’il y a moins de deux candidats remplissant la condition, alors ce sont les deux premiers qui y accèdent.

L’assemblée nationale et ses 577 sièges, ici vides.

Lors du premier tour, le 30 juin, arrivent, en nombre de voix, le RN premier avec 29% des voix, le NFP deuxième avec 28%, et Ensemble troisième avec 20% des voix. Dans 76 circonscriptions un candidat est déjà élu dont 37 pour le RN et 32 pour le NFP.

L’extrême-droite étant présente dans de nombreuses circonscriptions au second tour, les représentants des partis de gauche, du centre et de droite appellent au Front Républicain. Cela consiste à s’unir électoralement pour empêcher les partis considérés anti-républicains, ici ceux d’extrême-droite, d’avoir des sièges. Dans les faits, dans les triangulaires où il y a un candidat d’extrême-droite et deux du front républicain, le candidat du front républicain ayant fait le moins bon score au premier tour est invité à se retirer pour encourager ses électeurs à reporter leurs voix vers l’autre candidat, pour qu’il ait plus de chances de battre celui d’extrême-droite. De plus, les électeurs sont appelés à voter pour faire barrage à l’extrême droite, même s’ils ne sont pas d’accord avec le candidat. Par exemple, les électeurs de gauche sont invités à voter pour les candidats du centre dans certains cas.

Lors du second tour, le 7 juillet, grâce à cette stratégie c’est le NFP qui remporte le plus de sièges avec 192 députés élus, en second arrive le groupe Ensemble ! avec 164 sièges et enfin le RN et ses alliés avec 143 sièges. C’est une victoire inattendue pour le NFP mais qu’il faut relativiser puisque l’union de la gauche n’a pas la majorité absolue (289 sièges) et que c’est l’extrême droite qui a reçu le plus de voix même si elle n’a pas le plus de sièges. On se retrouve donc avec trois grands blocs dont aucun n’a la majorité pour gouverner.

Quelle solution va-t-être trouvée pour former une majorité ?

Vous trouverez la réponse à cette question dans le numéro 2- Michel Barnier et la censure.

D.C.

Sources :

Citation Macron – video annonce dissolution chaîne Public Sénat sur youtube : https://www.youtube.com/watch?v=x0HFA1EfAow

Résultat législatives – Site ministère de l’intérieur : 

https://www.archives-resultats-elections.interieur.gouv.fr/resultats/legislatives2024/ensemble_geographique/index.php