Crédits Photos : instagram : @collages_feministes_lyon
C’est une question de vie ou de mort, elle devait sauter du 4ème étage pour survivre !
Il est encore temps de vous souhaiter une bonne année 2021 à tous et à toutes ! En espérant que vous avez passé de bonnes fêtes de fin d’année, en respectant bien évidemment les restrictions liées à la situation sanitaire.
Cependant, nous n’avons pas tous-tes eu la chance de bien commencer cette année. En effet, dès le 1 janvier 2021, M., une jeune lycéenne lesbienne (qui a préféré garder l’anonymat) est tombée du 4e étage en tentant d’échapper aux violences subies de la part de ses parents. Bien que cette chute lui ait valu des fractures de la colonne vertébrale, du bassin et de la cheville, M., actuellement à l’hôpital, avait planifié cette fracassante évasion de son domicile familial.
Cette situation témoigne d’un fait plutôt répandu : beaucoup de violences LGBTphobes proviennent de la cellule familiale. Nombreux-ses sont celles et ceux qui vivent dans l’angoisse quotidienne et doivent alors souffrir des violences, tant physiques que morales. Par ailleurs, les fêtes de fin d’année représentent pour beaucoup vivant au sein d’un entourage familial LGBTphobe un moment propice à des violences inouïes. Le cas de M., illustre bel et bien la situation de nombreuses personnes vivant en constant danger.
Hélas, ce genre d’affaires n’est que médiatiquement vaguement traité, quelques secondes seulement dans les faits divers, sur les chaînes principales d’information. Il est par ailleurs difficile de mettre à jour et de mesurer le nombre d’actes LGBTphobes dans la sphère familiale car toutes les violences ne sont pas signalées, principalement par peur de rompre le lien avec sa famille ou à cause de chantage et/ou d’intimidation. Ceci dit, la sphère familiale est souvent idéalisée, présentée comme protectrice. Or dans le cas de M. comme dans d’autres, les violences (physiques comme psychologiques, qui font parfois aussi mal que les violences physiques) existent, d’autant plus blessantes qu’elles viennent de proches. La question des relations parents-enfants est centrale, même là où l’homosexualité est « tolérée » (sous-entendu qu’elle reste une déviance) alors qu’elle devrait être banalisée.
L’histoire de M. n’a absolument pas été relayée par les chaînes d’informations ou/et médias principaux mais par #NousToutes, un collectif féministe qui a été crée en 2018 afin de dénoncer les violences sexistes et sexuelles. M. a notamment été prise en charge par la journaliste indépendante, Eva-Luna Tholance, qui fait partie de l’Association des Journalistes LGBT (AJL), créée en 2013, et visant à œuvrer pour un meilleur traitement des questions LGBT+ dans les médias.
E-L Tholance est donc celle qui a rendu l’histoire de M. publique. Elle l’a aidée à trouver un soutien psychologique et a mis en place une cagnotte depuis le 1 janvier qui a très vite porté ses fruits, puisqu’on compte à ce jour 243 participations. L’argent de la cagnotte permettra d’assurer une sécurité financière à M. à sa sortie de l’hôpital. Aujourd’hui, les opérations se sont bien passées et M. pourra remarcher normalement.
L’histoire de M. suscite de nombreuses réflexions sur le sujet. Elle a eu la chance d’être aidée et prise en charge mais tous-tes n’ont pas eu cette chance et sont tragiquement tués-es par ceux qui leur ont donné la vie et sont censés les protéger. C’est toujours émouvant d’assister à un tel élan de générosité et de solidarité en cette période. En lui souhaitant un bon rétablissement et tout le meilleur pour le futur.
Il est bon de savoir qu’il existe pour les personnes LGBT qui se trouvent dans un environnement familial hostile des structures pour les aider et les soutenir. Il existe en effet, l’association SOS homophobie, qui lutte contre les LGBTphobies, et qui tient une ligne d’écoute anonyme ( numéro gratuit au 01 48 06 42 41, du lundi au vendredi de 18h à 22h, le samedi de 14h à 16h et le dimanche de 18h à 20h), un service courriel afin de témoigner ou signaler une agression LGBTphobe ( sos-homophobie.org/temoigner) ainsi qu’un chat’écoute autrement appelé dialogue privé ( sos-homophobie.org/chat le jeudi de 21h à 22h30 et le dimanche de 18h à 19h30).
N. I.-R.